Les logiciels libres : des infos claires
Framasoft se définit comme « un site qui
gravite autour du logiciel libre et son état d’esprit ».
En direction de nos visiteurs peu ou pas familiers
avec la notion même de logiciel libre, nous vous proposons cette fiche pratique
de l’APRIL (Association pour la Promotion
et la Recherche en Informatique Libre).
Vous pouvez également parcourir cet extrait de l’excellent
livre de Florent Latrive "Du bon usage de la piraterie" (en vente
dans les meilleures librairies), et plus généralement toute notre Tribune Libre.
Des logiciels libres à disposition
de tous qui garantissent quatre libertés fondamentales : utilisation,
étude, redistribution, modification.
Pour comprendre le concept de Logiciel Libre, vous
devez d’abord comprendre ce qu’est un logiciel (ou encore
programme ou application). Du point de vue de l’utilisateur, un logiciel est
une application qui répond à l’un de ses besoins (traitement de textes,
programme de dessin, jeu, ...). C’est une suite de petites instructions
invisibles pour l’utilisateur, qui forme un tout cohérent.
Ces logiciels ont besoin d’un système d’exploitation
pour fonctionner. Le système d’exploitation permet d’accéder aux ressources de
la machine (lecteur de disquettes, écran, clavier, ...). C’est aussi le système
d’exploitation qui se charge d’exécuter les instructions du programme
constituant le logiciel.
Les instructions d’un logiciel sont écrites dans un
langage que l’ordinateur peut comprendre, le langage machine
(ou langage binaire). Mais celui-ci est très difficile (voire impossible) à lire
et à comprendre pour un humain.
Pour créer un logiciel, la manière la plus courante
est donc de l’écrire dans un langage informatique compréhensible par des
humains, et ensuite de le traduire vers le langage binaire. Cette traduction
est effectuée par un logiciel appelé compilateur.
Le logiciel dans sa forme compréhensible est appelé source
du logiciel, ou source du programme (parfois aussi "code
source" par abus de langage), et dans sa version en langage
machine, il est appelé "binaire" (ou exécutable).
Qu’est-ce qu’un logiciel libre ?
Un logiciel libre est un logiciel garantissant un
certain nombre de libertés à ses utilisateurs.
Nous allons procéder par analogie en comparant le
code source d’un logiciel à une recette de cuisine.
Imaginons que vous vous trouvez dans un restaurant
et que vous mangez un excellent plat. Peut-être aurez-vous l’envie de pouvoir
le cuisiner chez vous pour vos amis ?
C’est impossible si vous n’avez pas la recette du
plat. Vous pouvez toujours le manger dans le restaurant, mais même si vous
connaissez le goût, vous ne savez comment le reproduire. La liberté d’échanger
des recettes de cuisine est essentielle pour les cuisiniers comme pour les
simples gourmets.
En informatique, il en va de même pour un logiciel.
Le code source est la recette, le binaire est
le plat déjà cuisiné. La plupart des logiciels dits logiciels propriétaires
sont distribués sans leur code source et il est interdit d’essayer de
comprendre leur fonctionnement, de les partager avec vos amis ou d’essayer de
les modifier pour les adapter à vos besoins.
Au contraire, un logiciel libre vous garantit quatre
niveaux de libertés :
- utilisation : la liberté d’utiliser/exécuter le logiciel pour quelque usage que ce soit.
- étude : la liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins.
- redistribution : la liberté de redistribuer des copies.
- modification : la liberté d’améliorer le programme, et de rendre publiques vos améliorations de
telle sorte que la communauté tout entière en bénéficie.
Ce sont des libertés fondamentales à l’utilisation
de l’informatique, à la création et au partage des informations. Les logiciels
libres sont avant tout porteurs de liberté de partage et d’accès à la
connaissance.
Elles sont bien sûr essentielles aux informaticiens,
mais aussi aux utilisateurs, auxquels elles fournissent une maîtrise des outils
et des informations, en empêchant toute dépendance permanente vis-à-vis d’un
quelconque éditeur de logiciels.
Quelle est la différence entre logiciel
libre, freeware, shareware, logiciel
du domaine public, ... ?
Notons que le terme logiciel libre vient de l’anglais
Free Software où free s’entend dans le sens de free speech
(libre expression) et non pas free beer (gratuité). Logiciel libre ne signifie
pas "non commercial" ou gratuit.
Un logiciel libre doit être disponible pour un usage
commercial, pour le développement commercial et la distribution commerciale. Le
développement commercial de logiciel libre n’est plus l’exception ; de
tels logiciels libres commerciaux sont très importants.
Le logiciel libre s’oppose au logiciel
propriétaire qui n’offre pas les "quatre libertés".
"Commercial" et "propriétaire" ne sont donc pas
synonymes : si la plupart des logiciels commerciaux sont propriétaires, il
en existe aussi des libres ; il existe de même des logiciels non-commerciaux
libres et d’autres non-libres.
Un logiciel libre protège la liberté des
utilisateurs. À l’opposé, toutes les autres formes de distribution posent des
problèmes en matière de liberté pour les utilisateurs. Voici quelques exemples
de ces formes de distribution qu’il ne faut pas confondre avec le logiciel
libre :
- un "freeware" (logiciel gratuit ou graticiel), contrairement au " free software ", indique simplement
que le logiciel fourni est gratuit, indépendamment de sa licence d’utilisation.
Dans certains cas, ce sont des logiciels du domaine public. Le code source du programme n’est pas disponible, ce qui interdit, par exemple de corriger des bugs ou d’effectuer des améliorations ;
- un "shareware"
(partagiciel) est un logiciel dont l’auteur demande aux utilisateurs
réguliers de son programme une rétribution volontaire. La rediffusion
ou la modification d’un tel programme n’est pas
autorisé ;
- un logiciel du domaine public
n’est plus soumis au droit d’auteur. Si le code source est dans le
domaine public, c’est un logiciel libre, mais très souvent le code
source n’est pas disponible (seul le code binaire est disponible). Dans
ce cas, ce n’est pas un logiciel libre.
Parfois, on utilise le terme "domaine public" d’une façon peu précise pour dire "libre" ou "disponible gratuitement". Toutefois, "domaine public" est un terme légal qui signifie précisément que le logiciel
n’est pas "soumis au droit d’auteur".
Des débuts de l’informatique et aux années 80, les programmeurs de logiciel trouvaient tout à fait naturel le fait de partager les codes sources de leurs programmes. Cette démarche était encouragée par les constructeurs d’ordinateurs, comme IBM par exemple. Le logiciel libre existait déjà dans la pratique si ce n’est dans la forme juridique.
Au début des années 80, différents éléments ont
remis en cause cette habitude de partage, et la notion de logiciel propriétaire
va apparaître par la création notamment de licences d’utilisation restrictives.
L’un des plus célèbres hackers du MIT, Richard
Stallman considérait que cette nouvelle conception de l’informatique était aux
antipodes de la manière naturelle de travailler, qui est à rapprocher des
pratiques scientifiques de publication, de partage, de revue par les pairs.
Face à cette situation, et pour sauvegarder
l’informatique libre, Richard Stallman a initié en 1983 le projet GNU
(GNU est un jeu de mots récursif signifiant GNU’s Not Unix). Ce projet visait à
concevoir un système d’exploitation complet et entièrement libre. Ce système
serait compatible avec UNIX, mais serait différent. Aujourd’hui ce système
existe, et s’appelle GNU/Linux. Pour soutenir le développement du projet GNU,
la Free Software Foundation (http://www.fsf.org)
a été créée en 1985.
Pour valider ce système, une base légale est nécessaire.
Cette base légale, créée de toutes pièces, est la licence GNU GPL
(pour GNU General Public License). La GNU GPL est la licence des logiciels
libres par excellence. Elle détermine des conditions de distribution qui
garantissent les libertés de l’utilisateur. On peut estimer à plus de 70 % le
nombre de logiciels libres qui sont protégés par la GNU GPL.
Parmi l’ensemble des figures du logiciel libre,
Richard Stallman est considéré comme le fondateur du logiciel libre. Il a
conceptualisé le mouvement du logiciel libre, écrit quelques-uns des plus
célèbres logiciels libres et initié la théorie légale du logiciel libre.
Quel est l’intérêt du logiciel libre ?
Le principal intérêt du logiciel libre ne se situe
pas au niveau de ses mérites techniques, mais bien dans l’essence même du
logiciel libre : la liberté (liberté d’expression,
d’association, d’entreprise, d’user à sa guise de l’information disponible et
de la partager, au bénéfice de chacun, donc de tous).
Le mouvement du logiciel libre, se référant à
l’utilité sociale, s’oppose à l’appropriation individuelle de la production
intellectuelle dans le logiciel. Le logiciel libre permet une réelle
appropriation citoyenne de l’informatique.
Au-delà de la liberté, l’intérêt du logiciel
libre est multiple : liberté de faire des copies du logiciel pour
son propre usage ou pour ses amis ; apprentissage approfondi (pour
beaucoup de professionnels, "la meilleure documentation qui puisse
exister, ce sont les sources elles-mêmes") ; correction plus rapide
des erreurs ; pérennité par la maîtrise du code source et de son
évolution ; souplesse par l’adaptation du logiciel à des besoins
particuliers ; défense du pluralisme linguistique par la traduction du
logiciel indépendamment de l’existence d’un marché ; nouvel état d’esprit
dans lequel l’utilisateur veut ou du moins peut apprendre ; indépendance
par rapport à un éditeur ; adéquation de l’évolution du logiciel avec les
besoins de l’utilisateur ; absence de logique marchande conditionnant les
sorties des différentes versions, ...
L’utilisateur ne bénéficie pas directement de
l’accès aux sources. La plupart des automobilistes ne connaissent pas le
fonctionnement d’un moteur : c’est la même chose en informatique.
Maintenant, imaginons un monde où 10% de la population fait de la mécanique
pendant ses moments perdus, et passe son temps à améliorer son véhicule. Si
vous achetez une voiture d’occasion, vous êtes sûr que le moteur a été amélioré
par son propriétaire précédent. On gagne en fiabilité, en performance et en
qualité.
En informatique, la même chose existe mais là, vous
avez une voiture neuve qui profite de toutes les technologies développées dans
des petits garages indépendants par des artisans habiles, et dont les
meilleures sont rassemblées dans votre véhicule. Vous êtes sûr de la qualité
tout comme de la sécurité. Dans le cas d’un vice de conception, vous êtes
quasiment certain que quelqu’un aura détecté l’erreur avant vous et l’aura
corrigée.